Le billet de la semaine du 4 décembre 2017

Les Africains en difficulté ont d’abord besoin d’être aidés

Le Président Macron a présenté en Afrique la semaine dernière à Ouagadougou puis à Abidjan sa politique étrangère dans un exercice salué comme habile par nombre d’observateurs. Tout en mettant l’accent sur le nécessaire développement, l’accès à la démocratie et la lutte contre le terrorisme, il a aussi justifié sa fermeté contre l’immigration clandestine et appelé à une lutte plus intense contre les passeurs.

Les révélations par CNN le 14 novembre dernier d’atrocités en Libye commis contre des migrants bloqués dans ce pays suite aux impossibilités de traverser dorénavant la Méditerranée après l’intensification du renvoi des bateaux les transportant, a déclenché des réactions d’indignation dans tous les milieux. Au plan national, le Président de la République, actif dans la réconciliation des deux camps s’opposant après la chute de Kadhafi s’est lui aussi élevé contre le martyre de ces êtres humains et a annoncé que le retour dans leurs pays devait aussi s’accompagner par un accueil de ceux les plus gravement menacés. S’en est suivi l’extraction d’une trentaine de réfugies coincés au Niger, une goutte d’eau…

L’inefficacité de l’action Européenne en matière de migration et de politiques étrangères sont cependant les causes directes d’une situation de plus en plus indigne pour notre continent qui s’est construit sur le respect des droits de l’homme. Au lieu de secourir les naufragés dans la Méditerranée, d’intervenir plus directement afin de mettre fin à des conflits qui embrasent certains pays depuis des décennies, d’augmenter significativement les budgets d’aides au développement et d’accueillir les réfugiés les plus en danger, nous nous voilons la face et gesticulons. L’exemple de l’Erythrée, parmi tant d’autres, est significatif. Pays de misère et constamment en guerre, ses habitants traversaient le Soudan pour rejoindre l’Europe par la Libye, le passage par l’Egypte étant bloqué…suite à l’aggravation des conditions de vie en Libye, le Soudan n’accepte plus de nouveaux étrangers qui sont donc renvoyés chez eux. Compte tenu des menaces, les migrants et leurs familles se rendent vers le pays proche qui semble encore les tolérer, l’Ethiopie, malgré une guerre de sécession fratricide. Les camps de réfugiés aux conditions de vie inhumaines y augmentent de taille…

Cachons ces migrants qu’on ne saurait voir. L’Afrique a certes besoin de se développer afin que ses habitants y vivent correctement, en attendant ce continent a d’abord besoin d’être aidé. Le Président Macron s’est engagé à quasiment doubler l’aide au développement de notre pays (de 0,35% du PIB à 0,55 %) pendant sa campagne électorale. Très bien, mais pour le moment rien n’a changé.

Bertrand Pancher

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