La drogue dure des énergies fossiles
La COP 23, présidée par les Iles Fidji à Bonn représentait un symbole cette année en raison des menaces pesant sur les pays du monde les plus menacés par les élévations de température et notamment l’annonce d’une reprise à la hausse des émissions de CO2 en 2017. Suite aux accords de Paris en 2015, cette rencontre a essentiellement réglé des questions techniques permettant de mesurer les émissions de CO2 par pays et leurs efforts futurs en vue du prochain rassemblement en Pologne l’année prochaine. Ce sommet devrait rendre public le 1er bilan global des engagements internationaux, très insuffisant, et tenter de rehausser le niveau des efforts à réaliser.
Parmi les sujets de (rare) satisfaction, chacun a pu constater la ratification de l’accord de Paris par 170 pays du monde, ainsi que la poursuite (discrète) du travail de la délégation Américaine, les valses hésitations du Président Trump n’ayant pas conduit à des retraits d’autres pays.
Le Président Macron, sur place, a affiché un réel volontarisme : Atteindre enfin un prix du carbone à 30 euros la tonne au plan Européen et réfléchir à la taxation des émissions de CO2 aux frontières. Nicolas Hulot a rappelé l’interdiction des voitures thermiques en 2040 ainsi que celle des extractions d’énergie fossile, bon signal commençant à être repris (pour les voitures) par d’autres grands pays comme le Royaume Uni ou l’Inde, signal fort devant conduire à des ruptures.
Il n’en demeure pas moins vrai que d’année en année nous accumulons des retards que personne ne pourra combler. Les 2°C d’augmentation de température d’ici la fin du siècle permettant de ne pas envisager un emballement climatique global ne pourront être évités. Drogué aux énergies fossiles, le système économique mondial ne met pas en place les systèmes de régulation indispensables. Les efforts nationaux, ou par groupes de pays comme c’est le cas en Europe, restent insuffisants et l’accord de Paris n’est pas juridiquement contraignant…
L’exemple de l’Allemagne, pays qui vient de reconnaître avoir décroché par rapport à ses propres objectifs, est édifiant. La rencontre avec nos collègues députés de la commission de l’environnement du Bundestag fut symptomatique : Interrogés sur la capacité de l’Allemagne à redresser la barre les représentants de la CDU nous ont répondu qu’ils voulaient repousser ces objectifs…
Sans une prise de conscience généralisée par l’opinion publique de la nécessité de changer en profondeur nos modes de transport et de consommation ainsi qu’une exigence de taxation de plus en plus lourde des énergies fossiles, nous ne nous en sortirons pas.
Bertrand Pancher
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