Le billet de la semaine du 1er Février 2016

L'agriculture a besoin d'une politique

Depuis maintenant près de 5 ans, la profession agricole Française connaît une crise d’une grande ampleur conduisant à une désespérance d’autant plus forte que personne ne semble en mesure de proposer un nouveau modèle de développement.

Dans ce domaine, plus que dans d’autres, la mondialisation des échanges sans discernement a exposé les agriculteurs à des aléas des marchés d’une grande brutalité. La demande liée aux aléas économiques, financiers voire politique (embargo…) fluctue de plus en plus, les prix varient d’autant plus considérablement que l’offre elle-même est de moins en moins garantie, compte tenu maintenant des aléas climatiques… Les prix peuvent rester durablement faibles et condamner à la disparition toute une profession, d’autant que nos agriculteurs font face à des coûts sociaux et administratifs qui les rendent plus fragiles que nos voisins Européens…

Alors qu’à l’époque les aléas n’étaient pas aussi important, considérant le rôle stratégique de l’alimentation, une politique agricole s’était pourtant structurée au plan Européen après-guerre, organisant une régulation des prix autour d’une politique de stocks tampons… peu à peu abandonnée car elle coûtait chère, créait des rentes et des différentiels de compétitivité. On a alors basculé d’un système peut être trop réglementé vers un autre qui ne régule plus rien.

Plus les risques de déséquilibres sont élevés, plus il faut créer des instruments de régulation. C’est d’abord et avant tout le rôle de l’Europe, pour laquelle nous attendons une nouvelle politique en la matière. C’est difficile car la France est isolée et les élections Européennes nous ont déstabilisés. 2017, année du bilan intermédiaire de la PAC sera stratégique : Comment prélever sur les prix lorsqu’ils sont élevés et redistribuer lorsqu’ils sont bas ? C’est à la France de taper sur la table !

En attendant il nous faut sauver les agriculteurs les plus en difficultés car les moyens alloués sont ridicules, et à moyen terme redonner de la compétitivité en baissant les charges, en allégeant les procédures (l’exemple des unités de méthanisation est édifiant) et en stabilisant la réglementation par une décentralisation des normes. Ce devrait être normalement la tâche du gouvernement… Quant aux collectivités locales, c’est à dire les Régions qui ont la compétence économique, il leurs revient de renforcer les novations et soutenir les filières de transformation pour adapter les outils de production.

L’agriculture a besoin d’une politique.

Bertrand Pancher

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