Le Billet de la semaine du 17 juillet 2017

Des économies mais pour quels objectifs ?

Suite à la valse hésitation du gouvernement sous la contrainte d’Emmanuel Macron, les baisses des impôts sur les grandes fortunes et de la taxe d’habitation ne seront donc pas repoussées d’une année et commenceront bien à entrer en vigueur dès 2018.

Afin de contenir les déficits publics en dessous de 3 % du PIB, un vaste plan d’économies par de multiples coupes budgétaires vient d’être décidé avec des impacts très significatifs dans un certain nombre de ministères : la Justice verra son programme immobilier se décaler (160 millions), l’Intérieur son programme d’investissement en équipement pour les policiers (560 millions ), l’aide au développement sera amputée de 130 millions et le budget de La Défense de 850 millions…

Si il faut saluer la trajectoire budgétaire du quinquennat qui devrait reposer sur 80 milliards d’économies (dont la moitié dans le cadre du pari de la baisse du chômage…) et une stabilité des dépenses publiques permettant de diminuer les impôts et charges, promesse présidentielle que personne ne conteste, le choix des secteurs impactés par les baisses de dépenses ainsi que la nature des nouvelles recettes fiscales devraient se discuter.

La menace de démission du chef d’état major des armées(trop) vertement repris par le chef de l’Etat en est l’une des illustrations, tout comme le cri unanime des organisations nationales en charge de l’aide au développement. On ne peut pas réclamer un budget militaire à la hauteur des enjeux, ni vouloir organiser un sommet international sur l’aide à l’adaptation climatique et faire le contraire de ce que l’on dit…

La question des financements de nos politiques se pose de la même manière : le verdissement de la fiscalité devrait rapporter entre 10 et 20 milliards d’euros ces prochaines années mais devrait susciter un débat sur les contreparties en terme de baisses de charges, voire de redistribution, sur le modèle des pays d’Europe du Nord. La taxe sur les transactions financières quant à elle, pourtant vertueuse, semble être abandonnée par le gouvernement alors qu’elle était censée rapporter entre 3 et 5 milliards pour l’aide au développement, comment sera-t-elle remplacée ?

Alors qu’une projection de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) vient de rappeler que 46 % de la baisse des impôts prévue par le Président de la République va tomber dans les poches des 10 % de Français les plus aisés, à défaut d’un projet de société cohérent, il est plus que nécessaire d’ouvrir le débat sur les objectifs de nos plans d’économies…

Bertrand Pancher

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