Le talon d’Achille
Emmanuel Macron a fait ce Dimanche soir une prestation plutôt réussie sur TF1. Parlant sans notes, avec une relative aisance, il aura convaincu toutes celles et ceux qui pensent que le sursaut économique est possible, tout en exprimant de la compassion vis-à-vis des personnes les plus fragiles.
Avec un subtile mélange, de prudence dans ses objectifs de résultats, tout en affichant beaucoup de certitudes sur la conduite des grands chantiers en cours, le Président de la République ne semble pas douter de la justesse de ses priorités.
Si le logiciel est solide, notamment sur tous les sujets économiques et liés à la formation, et si des gages ont été donnés sur le plan social à la CFDT avec l’annonce de dispositifs renforçant la participation dans les entreprises, Emmanuel Macron a été moins à l’aise sur les autres sujets voire s’est à nouveau pris les pieds dans le tapis sur la question de la baisse des APL, en taclant une nouvelle fois les Offices HLM. Pour qui a déjà siégé dans ces organismes, il est facilement démontré qu’une diminution de loyer entraine automatiquement une chute des ressources d’un même ordre et donc une diminution des investissements et de l’entretien d’un parc de logements de plus en plus vétustes. La pirouette sur les conséquences de la hausse de la CSG pour les retraités est du même ordre.
En réalité, le Président de la République reste piégé par des institutions qui lui concentrent trop de pouvoir. Paralysé dans une charge lui donnant l’impression de tout contrôler et par des médias de plus en plus tournés vers l’instantané, il oublie une clef essentielle de toute réussite : le partage des décisions et celui des tâches. Dans une société au fonctionnement de plus en plus complexe, et dans un pays qui reste l’un des moins décentralisé du monde occidental, cette voie ne saurait être écartée, au risque de gripper une machine d’Etat qui ne pourra jamais tout entreprendre.
Ce centralisme qui s’appuie sur une technocratie au demeurant braillante, c’est le talon d’Achille du pouvoir en place.
Bertrand Pancher
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