Schengen est mort, vive Schengen !
Avec sa décision de rétablir d’urgence ses contrôles aux frontières avec l’Autriche, l’Allemagne vient de ce fait de mettre fin aux accords de Schengen prévoyant la libre circulation des personnes habitant ou admises sur le territoire de l’Union. L’afflux massif de réfugiés dans ce pays et notamment 12 000 d’entre eux dans la seule journée de samedi a entraîné une situation quasi incontrôlable à Munich, la 1ère destination des immigrés en transit vers l’Allemagne. Les pays voisins tentent aussi dans la précipitation de mettre en place des contrôles sur leurs propres frontières intérieures voire de bloquer tous passages terrestres comme c’est actuellement le cas entre la Hongrie et la Serbie. Quant à l’Union Européenne, la présidence Luxembourgoise emboîte le pas à la Commission et développe une stratégie très précise dans ce domaine.
La surenchere « Franco Française » à laquelle se sont livrés ces derniers jours certains leaders politiques dans parfois un concours stupefiant de stupidité (la palme revenant comme toujours au Front National…) a catalysé le débat sur les conditions ou non d’accueil d’une quote part de 24 000 migrants sur notre territoire. Le débat qui n’est pas pour le moment à la hauteur des enjeux doit maintenant s’ouvrir à la bonne échelle et en se posant les bonnes questions.
Au plan national, relativiser la question de l’accueil de ces 24000 réfugiés sur notre territoire. Il ne s’agit pas d’accueillir toute la misère du monde, ni tous les réfugiés fuyant le conflit Syrien, mais de soulager autant que possible les 1ers pays Européens d’accueil qui n’ont pas les moyens de contrôler des masses humaines candidates à l’accueil. Le coeur est pour une fois allié à la raison : avant d’accueillir définitivement ceux qui sont internationalement protégés ou de renvoyer ceux qui ne le sont pas, encore faut-il les recenser…
Au plan européen, positionner, n’en déplaise aux pourfendeurs de l’Union, le débat au bon endroit, c’est à dire à ce niveau. A quoi bon montrer ses muscles pour accepter ou refuser tel ou tel nombre de malheureux candidats à l’exil si nous ne mettons pas en place et maintenant au plus vite des règles d’accueil identiques à tous les pays de notre continent ? Si nous ne déployons pas des instruments beaucoup plus puissants d’assistance des migrants présents sur notre contient et aussi ceux, beaucoup plus nombreux, accueillis dans les pays voisins des conflits ? A quoi bon geindre si nous ne renforçons pas nos moyens d’interventions économiques pour aider au développement ou éradiquer au plan militaire 30 à 50 000 fous qui déstabilisent toute une région ?
Avec les rétablissements provisoires des frontières en Europe du centre et l’impossibilité pour certains pays de remplir leurs missions de contrôle et d’accueil des réfugiés ,l’espace Schengen est de ce fait mort, mais comme il n’y a pas d’autres solutions que de renforcer nos politiques dans ce domaine, avec de nouvelles règles et des moyens enfin identifiés ,il faut parier qu’il renaisse le plus rapidement possible de ses cendres…
Bertrand Pancher
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